Toi, mon Ami, mon Bâton à moi !

Publié le par dame mathilde


Au tout début de mes recherches de bois dans les forêts,
je t'ai cueilli un jour, parce que tu étais si .... bizarre,
que mon regard s'est arrêté sur toi.

Je t'ai mis dans la voiture, ai continué ma cueillette
te regardant
de temps en temps, et en souriant,
je me demandais pourquoi tu m'avais appelée vers toi.
Mais je te laisse ce mystère, c'est ton secret.

Arrivés à l'atelier, je vous ai tous ébranchés
et mis à sécher, toi comme tous les autres bois
de ma cueillette.
Pourtant, je peux te le dire aujourd'hui,
tu as tellement souffert par le passage
des engins forestiers que tu es meurtri
d'un bout à l'autre.
Ton apparence extérieure n'est qu'une cicatrice
de tortures répétées, non pas par méchanceté,
mais par ignorance !


Les bucherons, les forestiers travaillent
toute la journée à vos côtés,
mais combien vous parlent,
combien vous écoutent,
combien arrivent à communiquer avec vous,
combien vous demandent pardon ?
Quand ils prennent une pause
et qu'ils s'assoient parterre,
le dos appuyé contre un gros tronc bien vivant,
ils ne savent même pas ce qu'ils font et
surtout ce que vous faites à ce moment là,
vous les arbres !
Ils ressentent le bien-être et le délassement
de la pause, mais n'ont pas conscience de l'aide
que vous leur apportez à ces instants précis.

Un petit arbuste gros comme toi,
n'a aucune importance à leurs yeux.
Ils doivent abattre cet arbre là,
puis celui-ci, et l'autre encore derrière,
alors ils roulent sur toi,
sans même entendre ta plainte,
ta souffrance quand ton écorce s'arrache
et laisse place à une plaie béante.


Une fois leur besogne terminée,
ils te laissent,

Boursoufflures

toi et  tes frères de douleur,
couchés,
le bois de
cœur à l'air,
brûlant, suintant comme du sang. Certains ne s'en relèvent pas,
d'autres, comme toi,
puisent une
  énergie telle
q
u'ils survivent, puis  revivent.

Mais au prochain passage des forestiers,

tu seras coupé, tu es devenu très laid,
ton écorce e
st toute boursouflée, à tel point
qu'on
ne peut plus dire de quelle espèce tu fais partie.
C'est alors qu'il faut avoir un certain don pour per
cevoir
qu'il reste tout au fond de toi, une vie farouche,
un besoin de devenir un bâton Ami.

A chaque déplacement que nous avons fait,
mon Mari et moi, tu es venu avec nous ...
simplement parce que tu le demandais.
Il n'était pas question que je te vende
dans l'état où tu étais,
mais tu voulais toujours être avec nous,
et tu faisais donc partie du périple.
Souvent je te prenais sans trop te parler,
mais ton poids et les vibrations que tu émettais
n'étaient pas ordinaires.
Tu semblais mort ou presque et pourtant tu étais lourd.
Tu l'es toujours aujourd'hui.

Tu sais, je ne savais réellement pas
par quel bout te prendre pour te donner
une certaine beauté.
Souvent je t'ai regardé,
souvent je t'ai carressé,
souvent je t'ai pris contre moi
pour que tu guides mes mains.
Je ne sais plus exactement
combien de temps il m'a fallu,
mais je dirais volontiers plus d'un an
avant de te comprendre,
avant de ressentir ce que tu désirais.

Puis un soir, alors que j'avais de la peine
à cause de la cruauté des gens,
je suis allée me réfugier au camion, et là ...
tu m'as fait signe à ta manière,
tu as voulu que je te prenne avec moi.

Tout en pleurant, j'ai sorti mon petit couteau,
sans réfléchir, j'ai séché mes larmes  sur toi,
tu as bu ces gouttes d'eau salée,
tu as adouci mon coeur,
soulagé mon âme,
mon esprit s'est mis à vagabonder
et j'ai commencé à te travailler sans même
m'en rendre compte.

J'ai continué jusqu'à ce que mon doux Amour d'Homme vienne me voir pour savoir si j'allais mieux.
Il n'aime pas quand les gens me font de la peine
car lui seul sait jusqu'à quel point je suis touchée.

Il m'a prise dans ses bras et lorsqu'il t'a aperçu,
il a eu un moment d'hésitation,
de surprise et surtout d'étonnemet avant de me dire :

- "Wouah, tu fais vraiment des merveilles".

C'est à cet instant précis que j'ai compris que
TU étais devenu MON compagnon,
MON Ami, MON Bâton à moi !

Aujourd'hui, tu n'es pas encore fini,
car je prends un temps infiniment long
pour te travailler tout en douceur,
délicatesse, avec beaucoup de précautions
afin de respecer la sagesse qui émane de toi.
Tu me rends ce temps par le calme
et la sérénité que tu m'offres,
par ce bien-être que nous partageons
dans ces instants d'intimité, d'amitié,
ces instants d'amour.


(Page non terminée ... comme mon Bâton :) !)





Je reprends cette page avec beaucoup de peine dans le coeur ...

Toi, mon Bâton, mon Ami, je ne pourrai jamais te finir,
Toi mon Compagnon, je te demande "pardon"
Pardon de n'avoir su te protéger !
ils t'ont volé à moi la nuit où ils ont volé mon fourgon ...

Je ne sais pas où tu es, ni ce qu'on a fait de toi,
peut-être complètement ignoré par ces gens insensibles,
parce qu'il faut être insensible
pour voler un fourgon à des Artisans.

Dans leur véhicule, il y a tout leur travail, leur ardeur,
l'amour de cet art si difficile qu'est l'Artisanat de nos jours,
puis il y a aussi l'intimité de ces véhicules achetés vides
et qu'on aménage de façon à être bien.




Ne volez pas le camion d'un Artisan
pour le mettre
en pièces détachées !

Pour racheter uniquement

le petit outillage indispensable
et le matériel pour les expos,
on arrive très vite à + de 1500€ !

En réalisations à vendre,
il y en avait environ pour 7000€,
mais on a pas le choix,
l'atelier est trop petit,
on ne pouvait pas vider le camion !

Quelques soient les raisons
qui vous poussent à voler,
sachez que parfois,
en volant un "banal" camion,
vous volez un avenir ... une vie ...
vous déchirez une âme,
vous mettez le coup en trop,
celui qu'il ne fallait surtout pas !!!

Je ne juge pas,
mais je vous dis ce que
vous ne savez certainement pas,
ce dont vous ne vous doutez
peut-être même pas ...

En volant notre camion,
vous nous avez volé notre avenir,
un morceau de notre passé,
la fatigue est trop présente, pesante,
il faut tenir le coup pour l'autre,
celui qu'on aime,
il faut faire avec ce qui nous reste ...
peu, très peu de choses.

Nous ne sommes pas
plus aisés que vous,
7 ans de crédit
pour un camion d'occasion,
ça fait beaucoup,
mais on a pas les moyens
de payer des mensualités
plus élevées.

Alors si un jour, l'un d'entre vous

lit ce message, soyez cools,
vider le camion
que vous avez pris
si c'est pour le mettre
en pièces détachées.








Publié dans Magique

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R
<br /> Je pleure pour vous. vous qui jadis m'avais transmis un bâton tout de Hêtre noueux. Sachez qu'avec moi, il a arpenté l'Irlande, l'Ecosse et mon Vercors natal. J'ai baptisé ma toute nouvelle<br /> entreprise L'Arbre-forge, car toujours du fond de mon atelier, il me regarde travailler.<br /> <br /> J'éspère pouvoir vous transmettre bientôt l'adresse de mon site d'artisan. Je vous souhaite tout mon courage.<br /> <br /> <br /> Romain PERELLO.<br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Merci de venir me dire qu'un de mes bâtons est heureux.<br /> <br /> <br /> J'ai tant pleuré sur les autres, ceux qui ont disparus, ceux qui ont été volés, ceux qui ont été punis sans raison.<br /> <br /> <br /> J'attends avec impatience l'adresse de votre site.<br /> <br /> <br /> Merci mille fois de me dire plus de 2 ans après, qu'il y a un bâton qui a trouvé un Ami, un Homme qui a su lui parler, regarder à travers l'écorce, trouver son âme et aimer cet AMI.<br /> <br /> <br /> Cette photo est pour vous:<br /> <br /> <br /> Après avoir travaillé du bois tourné par la nature et accompagner celui qui avance, je tourne du bois pour y mettre une petite bougie pour celui qui a perdu son chemin.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comment avance Votre site ?<br /> <br /> <br /> Dame Mathilde<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
E
oui, il existe des gens plus sensibles que nous deux...qui voient et parlent aux arbres et faéries. Eux, peut être seraient où se trouvent tes batons ?
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D
<br /> voudrais-tu parler de "Chamans" ?<br /> mais comment faire pour contacter une telle personne ?<br /> en connais-tu, peux-tu m'aider ?<br /> <br /> il se peut que je ferme ce blog ... je ne sais pas encore <br /> <br /> <br />
E
oui, je te comprends...et je suis franchement navrée pour toi. <br /> Tu entends surement leurs pleurs d'être ainsi "seuls" et pas rassurés...mais peut être est ce une épreuve pour eux comme pour toi. Pour eux, de voir que la vie n'est pas toujours "rose", pour toi, afin de te rendre plus forte face aux réalités de la vie chaotique qu'est notre époque. Il faudrait peut être trouver un chuchoteur d'arbre...lui peut être serait retrouver tes "enfants".
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D
<br /> Un "chuchoteur d'arbre" <br /> <br /> <br />
E
De tout cœur avec toi, Belle Dame...
Répondre
D
<br /> merci Eleiran,<br /> <br /> je dois avouer que je ne me remets pas de ce vol !<br /> dedans, il y avait des arcs à mon "Hibou" (c'est mon Mari), du matériel pour faire un gros marché Médiéval, etc., ect.,etc., ect.,etc., ect.,etc., ect.,<br /> <br /> des arcs, c'est du boulot, certes, mais le bois vient de la scierie !<br /> le matériel, ça se rachète, même d'ocassion car c'est moins cher (et ça revient quand même très cher)<br /> le camion c'est 6 ans de crédit à payer pour du vent ...<br /> <br /> mais mes bois, c'est un engagement vis-àvis de chacun lorsque je les coupe,<br /> c'est un dialogue mystérieux entre eux et moi,<br /> j'ai fait des promesses que je n'ai pas PU tenir, que je n'ai pas SU tenir <br /> <br /> toi qui travaille le bois avec auant de talent et qui aime la nature,<br /> toi tu peux me comprendre si je te dis que depuis le 3 Novembre, chaque jour, j'ai pleuré en pensant à eux !<br /> chaque jour je pleure en pensant à mon Bâton, mon Ami, dont je n'ai pas été digne !<br /> <br /> À bientôt<br /> <br /> Dame Mathilde<br /> <br /> <br />